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Roma, duels de dés et de cartes au sommet de l’empire

Fan d'antiquité romaine et de jeux de société, vous cherchez un bon jeu pour deux jours ? Roma, édité chez Queen Games, est le titre qu'il vous faut.
Dernière mise à jour le 21 avril 2025.
Caractéristiques du jeu
Auteur(s) : Stefan Feld
Illustrateur(s) : Michael Menzel
Éditeur : Queen Games
Année de la 1ère édition : 2005
Joueurs : 2 joueurs
Durée : 30 minutes environ
Âge : 8 ans et +

Les jeux de sociétés qui prennent pour toile de fond la Rome antique sont légion, mais assez peu en revanche permettent de jouer à deux. C’est pourtant le cas de Roma, un jeu de cartes et de dés, aussi méconnu qu’excellent, qui voit s’affronter deux joueurs dans des parties rythmées où la matière grise est toujours de mise pour s’imposer.

Intrigue de Roma et but du jeu

L’intrigue qui plante le décor de Roma n’est pas bien limpide. Tout au plus sait-on que la trame de fond se situe sous le règne de Néron (l’empereur est d’ailleurs représenté sur une des cartes du jeu). Les joueurs vont s’affronter pour se hisser au pouvoir à Rome, en usant de tous les moyens à leur disposition. Magistrats, militaires, structures publiques pourront être sollicités dans cette course au pouvoir.

Ces personnages et édifices sont représentés par des cartes que les adversaires peuvent mettre en jeu en les achetant, et activer via des lancés de dés pour bénéficier de leurs effets.

Le but du jeu consiste en effet à obtenir un maximum de points de victoire, en tout cas plus que votre adversaire. Quand le dernier jeton est pris et que la réserve est épuisée, la partie s’arrête instantanément et le décompte des points désigne le gagnant.
Il est aussi possible de remporter la partie en ruinant son adversaire. A tout moment, si son total de points de victoire tombe à zéro, vous gagnez instantanément.

Que contient la boîte de jeu Roma ?

La boite comprend :

  • 52 cartes, la plupart d’entre elles figurant en plusieurs exemplaires.
  • Deux jeux de trois dés chacun. Un jeu bleu, un jeu rouge. Chaque joueur disposera de 3 dés.
  • Un dé de combat blanc, pour résoudre les effets d’attaque induits par certaines cartes.
  • Des tuiles numérotées de 1 à 6, devant lesquelles seront placées les cartes, elles-mêmes activées en fonction des dés.
  • Une tuile symbolisant la pioche.
  • Une autre symbolisant la réserve de pièces.
  • Des jetons représentant des monnaies qui composeront une réserve d’argent.
  • Des jetons représentant des points de victoire, que les joueurs se disputeront âprement pour remporter la partie.

Composé de ces quelques éléments, le jeu se déploie et s’installe facilement. Les parties peuvent donc se mettre en place et se réinitialiser rapidement.

Les joueurs démarrent avec dix points de victoires et quatre cartes chacun qu’ils vont déplacer devant les tuiles de leur choix, numérotées de 1 à 6. L’alignement des tuiles marque la frontière entre les deux camps. Les tuiles symbolisant la pioche et la réserve de pièces sont disposées chacune aux extrémités de cette ligne.

Deux lignes de cartes séparées par une ligne de tuiles. Voilà à quoi ressemble le terrain des hostilités sur lequel s'affrontent les deux joueurs, lors d'une partie de Roma.

Deux lignes de cartes séparées par une ligne de tuiles. Voilà à quoi ressemble le terrain des hostilités sur lequel s’affrontent les deux joueurs, lors d’une partie de Roma.

Aperçu d’un tour de jeu dans Roma

Un tour de jeu se déroule de la façon suivante.
Le joueur perd un point de victoire pour chaque emplacement vide dans son camp, en face d’une des six tuiles numérotées. Moins il a de cartes, plus il est pénalisé. Il perd systématiquement deux points lors de son premier tour de jeu, puisqu’il n’a que quatre cartes. Les joueurs ont tout intérêt à boucher les trous, au fil des tours, autant que possible, pour couper court à cette fuite de points.

Il lance les dés et peut utiliser ses trois dés de différentes manières, que ce soit

  • pour piocher des cartes.
  • pour prendre des pièces.
  • pour poser une (ou des) cartes devant lui, en s’acquittant de son (ou leur) coût en pièces.
  • pour activer ses cartes de personnages et édifices posées en face des tuiles numérotées, et ainsi bénéficier de leur effet

Piocher des cartes

Dans Roma, on ne pioche pas systématiquement des cartes à chaque tour. Il faut sacrifier un dé d’action pour piocher le nombre de cartes indiqué par le dé. On n’en choisit et n’en conserve qu’une seule, les autres sont défaussées. En piocher un grand nombre (grâce à un gros chiffre obtenu aux dés) ne présente qu’un seul avantage : vous offrir un plus large éventail de choix.

Prendre de l’argent

Les cartes que vous acquérez de cette façon n’entrent pas directement en jeu. Vous les gardez en main jusqu’à ce que vous les posiez en vous acquittant de leur coût de mise en jeu. Il vous faut pour cela de l’argent, qui ne peut se gagner qu’en utilisant des dés d’action. Vous pouvez utiliser un dé de votre lancé, ou même plusieurs, pour récupérer de la monnaie. Un 5 vous permet par exemple de prendre 5 pièces de la réserve. Vous utiliserez donc naturellement vos plus gros dés pour récupérer de l’argent.

Poser des cartes

Pour développer et construire votre jeu, vous devrez ajouter des cartes devant vous, les mettre en jeu. Il peut s’agir de cartes personnages ou de cartes d’édifices. Rien ne vous empêche d’ailleurs de construire votre jeu autour d’un mélange des deux.
Personnage ou édifice, chaque carte a ses propres spécificités, qui sont activées via l’utilisation d’un dé d’action. Certains effets vont détruire les cartes de votre adversaire et perturber son jeu, voire causer sa perte, tandis que d’autres vont vous permettre d’engranger des points de victoire, d’en voler à l’adversaire, de le gêner dans sa progression, etc.

Activer ses cartes

Les cartes posées devant vous ne déclenchent pas automatiquement leur pouvoir à chaque tour. Pour activer l’effet d’une carte, vous devez utiliser un dé correspondant à la tuile numérotée devant laquelle la carte est posée. Par exemple, si votre légionnaire est positionné devant la tuile 4, vous devez avoir obtenu un 4 avec l’un des trois dés lancés au début de votre tour.

Attention, vous n’avez aucune obligation de réaliser chacune de ces actions dans un tour de jeu. Vous pouvez très bien utiliser vos trois dés pour activer trois cartes posées devant vous. Ou bien piocher des cartes et activer deux cartes. Ou encore piocher deux fois des pièces et activer une carte personnage, etc…

 

On trouve deux types de cartes dans Roma : les personnages, sur fond jaune, et les édifices, sur fond vert.

On trouve deux types de cartes dans Roma : les personnages, sur fond jaune, et les édifices, sur fond vert.

Une mécanique aussi souple que géniale

Là où la mécanique de Roma s’avère particulièrement brillante, c’est qu’elle vous laisse une très grande souplesse quant à l’ordre des actions que vous pouvez mener durant votre tour. Libre à vous d’opérer les actions de votre choix, dans l’ordre qui vous paraît le plus efficace.

Vous pouvez très bien, dans un même tour, obtenir de l’argent (avec un dé), piocher une carte (avec un autre dé), la poser en vous acquittant de son coût, et l’activer dans la foulée (avec le troisième dé).

Les options qui s’offrent à vous sont bien souvent si nombreuses que trouver les meilleures possibilités est un vrai challenge. A vous de réfléchir pour tirer le meilleur parti de vos cartes.

La mécanique de Roma, qui tire son originalité de cette grande souplesse, peut s’avérer quelque peu déconcertante sur les premières parties. Mais une fois que vous aurez pigé le truc, vous la trouverez excellente car on ne s’ennuie jamais. Le jeu vous force à donner le meilleur de vous-même à chaque tour.

La carte Néron est une double déception : déjà, son illustration correspond assez peu aux portraits connus de l'empereur, mais surtout, l'effet proposé par la carte ne présente pas beaucoup d'intérêt.

La carte Néron est une double déception : déjà, son illustration correspond assez peu aux portraits connus de l’empereur, mais surtout, l’effet proposé par la carte ne présente pas beaucoup d’intérêt.

Un jeu subtil et cérébral

Une autre des forces de Roma réside dans les combinaisons qui s’opèrent entre différentes cartes et qui permettent de mettre sur pied de véritables stratégies pour vous frayer un chemin vers la victoire.

Quelques exemples

La carte Scaenicus vous permet d’imiter n’importe quelle autre carte de personnage posée devant vous, en copiant son pouvoir. Imaginons que vous avez un Scaenicus en face de la tuile 2, et un Centurion en face de la tuile 5. Vous obtenez aux dés les chiffres suivants : 2-3-6. En activant le Scaenicus à l’aide de votre 2, vous copiez l’effet du Centurion que vous n’auriez normalement pas pu jouer, n’ayant pas obtenu de 5.

Ajoutez-y un Consiliarius, qui permet lorsqu’il est activé de redistribuer vos cartes de personnages comme vous le voulez devant vos tuiles numérotées, et vous obtenez un jeu destructeur qui peut vous permettre d’agresser quasiment à chaque tour le jeu adverse.

La carte Consul vous permet d’appliquer un modificateur +1 ou -1 à l’un de vos dés d’action. Admettons que votre Consul se trouve en tuile 1. Vous obtenez aux dés 1-3-6. Si vous utilisez le 1 pour activer votre Consul, vous pouvez transformer votre 3 en 2 (3-1) ou en 4(3+1), ou bien transformer votre 6 en 5 (-1).
Vous pourrez donc potentiellement activer n’importe quelle carte se trouvant devant l’une de vos tuiles, même sans avoir obtenu le dé nécessaire lors de votre lancé.

Jamais à cours d’options

Subtilité qui a son importance : vous pouvez tout à fait activer plusieurs fois une même carte dans un même tour. Si vous obtenez deux 3 aux dés, vous pouvez choisir d’utiliser deux fois la carte posée en face de la tuile 3.
Mais vous pouvez piocher 6 (3×2) pièces dans la réserve ou piocher 3 cartes, en garder une, puis piocher 3 autres cartes et en conserver une à nouveau.

Admettons que vous ayez obtenu 2-5-6 aux dés. Vous pouvez même piocher 5 + 6 = 11 pièces, en utilisant donc deux de vos dés. Évidemment, si vous n’obtenez que des petits chiffres avec un lancé de dé, vous allez avoir du mal à vous enrichir rapidement.

Sachez que si vous obtenez trois fois le même chiffre aux dés (par exemple trois 1), vous pouvez choisir de conserver votre résultat, ou bien de relancer les dés.

Certes, le hasard est présent dans Roma, puisque un jet de dé détermine partiellement les actions que vous pourrez réaliser à chaque tour. Mais vous disposez d’une grande latitude dans le choix de vos actions. Pesez soigneusement vos différentes options, pour que votre tour de jeu soit le plus efficace possible.

Si vous parvenez à placer, aux côtés de votre Forum, une Basilica et un Templum, vous formerez un combo dévastateur qui peut vous mener droit à la victoire en engrangeant les points.

Si vous parvenez à placer, aux côtés de votre Forum, une Basilica et un Templum, vous formerez un combo dévastateur qui peut vous mener droit à la victoire en engrangeant les points.

Le combat

Roma comprend aussi une dimension qui touche au combat, rendu possible via certaines cartes, que ce soit des édifices ou des cartes personnages (légionnaire, centurion, etc). Lorsque ces cartes sont activées, elles ciblent une carte adverse. On lance alors un dé de combat, le dé blanc. Si le résultat obtenu est supérieur au égal au chiffre de défense indiqué sur la carte attaquée, celle-ci est défaussée. Toutes les cartes ont un chiffre pour leur défense.

Les cartes possédant les effets les plus puissants sont souvent des cartes coûteuses en argent et/ou qui ont un chiffre de défense plutôt bas, ce qui les rend plus équilibrées : puissantes mais vulnérables, ou difficiles à faire entrer en jeu.

Construire un jeu fait pour casser, détruire les cartes adverses et mettre ainsi l’opposant dans une situation difficile, coûteuse en points de victoire, constitue l’une des multiples stratégies possibles dans Roma !

Et Rome, dans Roma ?

Les cartes de Roma représentent pour certaines des personnages, à travers des métiers, des magistrats ou des fonctions. Du sénateur au gladiateur, en passant par le marchand, tous évoquent bien la Rome antique.

Les cartes édifices, symbolisant des bâtiments religieux ou militaires, incarnent bien elles aussi les institutions romaines. Au côté du Consul, du gladiateur ou du tribun de la plèbe, vous pourrez ainsi construire un forum, un templum, une baliste ou quelques autres engins de guerre.

Les illustrations des cartes Roma ont leur charme, un brin désuet peut-être, légèrement daté. L’ensemble forme toutefois un tout harmonieux.

L’usage du latin pour nommer les cartes contribue à vous immerger dans l’ambiance. L’effet des cartes n’est pas décrit très explicitement, avec du texte, mais exprimé par de symboles qui, il faut bien le dire, resteront un peu abstraits lors de vos premières parties. Vous devrez régulièrement vous référer aux règles du jeu avant d’assimiler les effets de toutes les cartes, qui sont très variés.

Durée d’une partie de Roma et rejouabilité

Les parties ne s’éternisent généralement pas mais durent autour de 20 minutes. Si vous avez une heure devant vous, il y a de grandes chances que vous arriviez à en enchaîner trois.

Les parties se suivent sans nécessairement se ressembler. Au fil des parties vous prendrez conscience du potentiel d’abord insoupçonné de certaines cartes. Vous découvrirez également quelques combos redoutables. Votre jeu se construisant en fonction des cartes qui vous passent dans les mains, une même carte peut venir compléter parfaitement votre jeu et le consolider dans une partie A, et ne rien apporter à votre jeu dans une partie B.

Quoiqu’il en soit, on prend plaisir à découvrir des combinaisons dévastatrices et à essayer de nouvelles stratégies, que ce soit pour bâtir une implacable machine à marquer des points, ou pour construire une armée de destruction massive !

Roma vous promet de très beaux matches. Les parties sollicitent votre créativité et la part de hasard reste contrôlée.

Roma vous promet de très beaux matches. Les parties sollicitent votre créativité et la part de hasard reste contrôlée.

Conclusion

Vous ne le trouverez pas en tête de gondole dans les rayons de jeu de société, mais Roma dissimule pourtant une incroyable valeur. Rare jeu de société conçu pour deux joueurs et s’inscrivant dans le thème de la Rome antique, il vous réserve des duels palpitants qui mettront votre cerveau à rude épreuve !

Note de la rédaction

On aime

  • Un jeu qui se joue à deux
  • Le jeu se met en place et se débarrasse rapidement
  • Les parties sont plutôt courtes dans l'ensemble
  • De multiples chemins sont possibles vers la victoire
  • On ne s'ennuie jamais

On aime moins

  • Certaines cartes sont peu intéressantes
  • On met un certain temps à mémoriser ce que fait chaque carte
  • Les illustrations sont sympas, mais sans plus

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