Les enjeux étant éminemment importants, la frappe de monnaie était une activité très encadrée par le pouvoir en place.
Elle se déroulait dans des ateliers monétaires.
Une partie très importante de la fabrication avait lieu à Rome, mais elle se produisait également bien au delà des frontières de la ville, en différents points de l’empire. Pour la seule Gaule, on sait que des ateliers monétaires ont existé à Lyon, à Amiens, Rouen, Arles, à …
Il y a eu très certainement des ateliers itinérants destinés à répondre à des besoins spécifiques et urgents.
La première étape consistait à fabriquer les flans monétaires, ces petites rondelles ou disques de métal calibrés au bon poids, et destinés à être frappés pour recevoir deux images, une au droit (ou avers), l’autre au revers.
Des monnaies ont pu être débitées dans une plaque de métal, à l’aide d’un emporte pièce.
La gravure et la préparation des coins monétaires étaient l’oeuvre des scalptores. Ces artistes disposaient d’un véritable savoir faire, et d’une maîtrise technique qui reste impressionnante aujourd’hui. Ils devaient en effet créer en creux, sur une très petite surface (2 à 3 cm selon le type de de monnaie), une portrait précis de l’empereur, accompagné de sa légende et cerclé par un grènetis, ainsi que des scènes diverses et variées, souvent riches en détails, destinées à orner le revers. Ils opéraient sans l’aide d’outils grossissants leur permettant de bien distinguer leur ouvrage. Autant dire qu’il leur fallait avoir de bons yeux.
Le coin de revers prenait la forme d’un cylindre du diamètre correspond au type monétaire frappé, avec l’image en creux positionnée à une de ses extrémités.
Le coin d’avers (ou coin de droit) était enchâssé dans une large enclume.
Le flan encore vierge était alors déposé sur le coin de droit, au centre de l’enclume. Une personne, préposée à cette tâche, manipulait le coin de revers avec des tenailles, pour venir le poser sur le flan. Elle prêtait attention à bien centrer l’ensemble.
Les malleatores, maniant le marteau énergiquement, administraient le coup décisif, au sommet du coin de revers. En frappant ainsi la monnaie, le relief des coins s’imprimait simultanément sur l’avers et le revers.
Les monnaies étant frappées à la chaîne, on imagine que l’attention des travailleurs de l’atelier déclinait, à mesure que la journée avançait et que la fatigue se faisait ressentir. L’erreur étant humaine, des défauts de frappe pouvaient éventuellement se produire, principalement liées à des étourderies. Les monnaies souffrant d’un défaut de frappe incuse, de frappe tréflée ou autre, n’étaient pas systématiquement écartées, mais pouvaient se retrouver en circulation. De nombreux cas sont parvenus jusqu’à nous.
Les coins d’avers et de revers s’usaient à des rythmes différents. Les coins finissaient pas se boucher, se casser par endroits, altérant les images frappées sur les monnaies. Parvenus à un certain niveau d’usure, ils étaient brisés. On s’assurait ainsi qu’ils ne puissent plus être employés pour produire de la monnaie, et on se prémunissait notamment des faux monnayeur. C’est pourquoi les cas de coins parvenus jusqu’à nous sont rarissimes.